(CONFÉRENCE UTT – 23 mai 2019)

 

Je vais vous raconter une histoire d’innovation, une histoire modeste d’une très modeste innovation.
Elle a le mérite d’avoir pour acteur un jeune homme de votre âge, tout juste sorti d’une école d’ingénieurs, et donc à laquelle vous pourrez facilement vous identifier.

L’argent n’y joue aucun rôle pouvant la polluer.

Elle est intemporelle,  elle aurait pu se passer de la même façon  l’année dernière, ou il y a un siècle, elle s’est produite il y a près de 50 ans, parce que c’est l’époque ou j’avais votre âge et qu’il est plus facile de raconter une histoire qu’on connait.

 Et surtout elle est riche en enseignements utilisables pour innover.

 A cette époque à la fin des études, les garçons partaient au service militaire, les filles ont attendu que ce soit supprimé pour demander l’égalité, la parité etc….

 Au lieu d’apprendre à marcher au pas dans la cour de la caserne, on pouvait demander à la place à partir faire de l’aide au développement dans des pays pauvres, appelé la coopération, si un de ces pays avait demandé votre spécialité, ingénieur, architecte, médecin, prof …

 
C’est comme ça que je me suis retrouvé au ministère des routes et travaux publics du Tchad à la gestion des engins. Il n’y avait d’ailleurs ni routes, ni travaux publics, mais quelques engins.

 Cet immense pays immensément pauvre sans aucune ressource, majoritairement en plein Sahara est traversé par un fleuve de plusieurs Kilomètres de large, il y avait des villes d’un coté, des pistes de l’autre, le problème de la traversée se résolvait par des pirogues pour les gens et, dans la capitale par un pont une voie, fini juste avant le départ des colonisateurs français, et la seconde ville du pays par un bac pour faire traverser les voitures et les camions installé il y a fort longtemps par les français. Ce bac avait coulé plusieurs années auparavant laissant une bonne partie du pays sans accès.

 

 Cette situation me semblait dramatique. Le bac dépendant du ministère, je suis donc allé voir mon ministre, pour lui dire qu'il fallait faire quelque chose. Il ma répondu qu’il n’avait pas le moindre budget pour faire construire un nouveau "navire" (n'ayant jamais vu ni imaginé un truc flottant plus grand qu'une pirogue il l'appelait un "navire").
"En Afrique on apprend à se contenter de ce qu’on a." m'a t-il dit ! phrase très maladroite, car contre nature pour un ingénieur.
N'étant pas du tout d'accord avec cette idée, je lui ai proposé d’en construire un moi-même.

 

Le «navire» a été construit au bord du fleuve, en utilisant des matériaux venant de la décharge, de hangars en ruine et divers trucs récupérables plus ou moins légalement. La main d’œuvre étant formée d'ouvriers en sous activité des travaux publics, très heureux de participer volontairement et bénévolement à cette aventure inhabituelle.
Il a été construit en 9 mois, a fait ses essais, a été baptisé avec une bouteille de Gala, la bière locale, du joli nom de Babeta (surnom de ma fiancée (Élisabeth), et qui veut dire "on se l'est fait tout seuls" en dialecte local). Mes ouvriers étaient très fiers de leur navire, aussi efficace que moche. Puis il a remonté le fleuve sur 600 kilomètres et a avantageusement remplacé l’ancien bac pendant des années, puis a été remplacé par un pont.

« Chat échaudé craint l’eau froide » ce qui veut dire que les chats apprennent de leurs expériences. Beaucoup d’humains et surtout d'organisations publiques ou privées n’ont pas cette intelligence et n’apprenant rien de leurs expériences et recommencent indéfiniment les mêmes bêtises.

Mettons en place notre système universel d’apprentissage. Observation, analyse, amélioration.

Analysons calmement ce qui a été réalisé :

 

UNE INNOVATION.

Définition officielle : -procédé nouveau du point de vue de l’utilisateur (du client).

 -processus d’influence qui conduit au changement social.  Qui améliore la vie des gens au point d’en transformer la société. 
procédé nouveau : ça vous le saviez.
du point de vue du client : ça vous ne le saviez probablement pas.

 (Une petite innovation comme ce navire se contentera d’améliorer la vie de quelques uns pendant quelque temps, c’est déjà pas mal.)
Construire un navire dans le désert à partir de rien dans cette partie du monde, personne ne l’avait jamais fait, et il y a eu une réelle création de richesse avec des utilisateurs heureux.

LES ÉTAPES D’UNE INNOVATION

 1-  LE PREMIER MOTEUR EST DONC L’HUMANISME.

 Être à l’écoute des autres pour leur rendre leur vie meilleure.

 Créer un super truc ou une appli géniale qui n’est utilisé par personne, ce n’est pas une innovation, c’est une connerie.

 

2- LA RÉVOLTE ou l'insatisfaction.

 La prise de conscience d’un besoin du client incorrectement satisfait à votre avis.

 Tout est né d’une révolte, ce bac coulé, cette situation acceptée par tous, avec indifférence, m’était insupportable.

 Les gens sages et raisonnables n’innovent pas ! de même que les indifférents.

 Cette révolte, c’est la première étincelle qui ne peut se produire que dans un seul cerveau.


"Certains disent : « Donnez au client ce qu’il souhaite. » Ce n’est pas mon approche. Notre rôle est de devancer leurs désirs. Les gens ne savent pas ce qu’ils veulent tant qu’ils ne l’ont pas sous les yeux.
Notre tâche est de lire ce qui n’est pas encore écrit sur la page.
Steve Jobs

 

3 - OSER L’ACTION, l’entreprenariat.

 Ma devise : Si il faut le faire, et que personne ne le fait,
et que j’en ai peut être les capacités,
alors je dois le faire, c’est une obligation.

 Se planter n'a pas beaucoup d'importance, on passe pour un idiot aux yeux des imbéciles.

 Ce peut être l’opportunité d’apprendre beaucoup. On progresse parfois plus par ses échecs que par ses réussites, à condition de les utiliser comme outil d'apprentissage et de ne pas les cacher comme le font tant de gens.

Notre société qui appelle à l’innovation permanente refuse l’échec, et l’a même mis dans sa constitution : le principe de précaution. Totalement contradictoire.

Aujourd'hui les héros, qu'on interviewe à la télé, sont ceux qui ont peur de tout et qui en sont fiers.  Qui entreprend, rencontre immanquablement l’échec.
Ne rien entreprendre, c'est se préparer une vie de jouissances futiles,  immédiates et d'ennui, ce que Jean d'Ormesson appelait "une vie entière sans signification" .
Avec à la fin la dépression assurée "qu'ai-je fait de ma vie".

 4 - L’IDÉE

 comment faire ou dans quelle voie s’orienter pour rendre possible ce qui semble impossible.

 C’est la phase de maturation, qui commence immanquable par l’auto engueulade : triple crétin dans quelle aventure t’es tu lancé, dans quelle galère (fluviale) t’es tu fourré, dans quels beaux draps t’es tu mis, alors que personne ne t’avait rien demandé.
Ce qui, heureusement, n’empêchera pas de recommencer la fois suivante.
Puis vient la recherche obsessionnelle qui hante tous les instants : comment rendre possible ce qui semble impossible.
«Celui qui a déplacé une montagne a commencé par une pierre» disait Confucius.
 Cela peut durer quelques minutes ou 10 ans, ou ne jamais arriver.
Et enfin, dans un demi sommeil, alors que le cerveau est totalement relâché, que ses propres barrières internes se sont assoupies, vient l’étincelle. Cette étincelle là aussi ne se produit en général que dans un seul cerveau. L’étincelle n’est souvent pas encore la solution, mais la voie à suivre pour la trouver, après encore beaucoup de travail.

 

5 - LA RÉALISATION

 Vient ensuite le travail difficile et laborieux, où on découvre l’extraordinaire pouvoir de nuisance de tous ceux qui ne font rien que leur petit boulot tranquille mais sont très actifs pour vous empêcher de faire, car si vous faites, d’une part cela change leurs habitudes, insupportable, d’autre part cela leur montre que eux ne l’ont pas fait, et sous entend que ce sont des lâches paresseux, ce qui est vrai mais tout à fait désagréable.

 

Quelqu’un qui gagne au loto est estimé de tous, car tous peuvent espérer la même chose, alors que celui qui s’enrichit par son travail, son talent et sa prise de risque est jalousé, car cela dit aux autres que s'ils n'ont pas réussi c'est qu'ils n'ont pas assez travaillé ou osé.
Les entreprises vous disent innovez on a besoin d’innovation, et ensuite empêchent les innovateurs d’agir.
Ce ne peut se faire que sous la direction ou avec la complicité bienveillante, active et protectrice du grand patron.

 

6 - LA MISE À LA DISPOSITION DU CLIENT.

 Ce n’est que lorsque des clients l’achètent et l’utilisent que la nouveauté devient une innovation.

 

 Déjà tout ça vous ne le trouvez pas dans les livres, mais la suite encore moins. Car l’innovation est un processus très intime qui fait plus appel aux tripes qu’au cerveau, et les chercheurs et auteurs dans ce domaines n’ont pas l’habitude de fouiller dans les tripes.
Je vous ai dis que l'étincelle se passait dans une cervelle, c'est faux, ça se passe dans les tripes. Les tripes disent "vas y" et la cervelle "non, ce n'est pas raisonnable". Comme un ventriloque, laissez parler vos tripes plutôt que votre cervelle.

 LES COMPORTEMENTS DE L’INNOVATEUR.

 Ce sont les comportements, fondement de l'innovation comme de la vie en général, au moins de la vie heureuse.

 

1-  L’HUMILITÉ.
J’ai commencé mon navire dans le désert en remontant mes manches et en mettant mes mains dans le cambouis, en demandant gentiment et humblement que l’on vienne m’aider puis en participant au travail, et en sollicitant les conseils de mes ouvriers. Et cela a bien fonctionné. Ne jamais essayer d’impressionner les autres par son savoir ou sa supériorité.
Je ne peux grandir que par ce que j’ai fait, pas par ma grosse bagnole qui fait vroum vroum.

 

 2-  LE RESPECT.

 Le respect c’est réciproque, respectez et vous serez respecté (si vous êtes respectable).
C’est dire le mot magique « merci » chaque fois que quelqu’un vous donne une information ou un conseil, même si cela vous semble idiot. Dans ma vie professionnelle j’ai pris 1000 avions et voyagé ou travaillé dans une trentaine de pays, j’ai appris à dire bonjour et merci dans toutes leurs langues (Jërëjëf merci en Wolof,
Kasumay bonjour en Diola), j’ai étudié leur histoire, culture, religion, civilisation pour exprimer mon respect. Le message n'est pas "c'est moi le chef, je vais vous dire quoi faire" comme je l'ai si souvent entendu, mais "racontez moi vos problèmes, je vais essayer de vous aider".
L’innovation vous viendra d’une foule d’informations fournies par ceux que vous aurez écouté ou observé, même si vous seul ferez en fin de compte la synthèse. Pour respecter son interlocuteur, il ne faut pas utiliser votre langage savant et prétentieux qui vous fera passer pour un imbécile, il faut utiliser le langage de votre interlocuteur.
Mon beau-père avait l’habitude d’aller s’assoir de l’autre coté du bureau, là où serait assis son interlocuteur, pour préparer un argumentaire, il se mettait ainsi par la pensée dans la peau de son client. Les anglais ont l’habitude de dire « put your feet in the customer’s shoes » (mettez vos pieds dans les chaussures du client).

 

Savez vous pourquoi les crocodiles n’ont pas évolués depuis l’ère mésozoïque, 250 millions d'années ? Parce qu’ils ont une grande bouche et pas d’oreilles, alors que pour évoluer il faut de grandes oreilles pour beaucoup écouter et une petite bouche pour parler peu.

 

3- L’AMOUR,  LA PASSION, 
Croyez vous que je me serais autant cassé la tête pour construire le navire si je n’avais pas aimé ce pays triste et ces gens pas très rigolos.
Il faut se laisser aller à aimer, son métier, ses clients qui vous font confiance, ses actionnaires qui ont investis sur vous, ses fournisseurs partenaires de vos développements et surtout ses collaborateurs complices de vos rêves.

 

Le monde professionnel est une guerre épouvantable et sans pitié. Si vous devenez patron, construisez une bulle autour de l’entreprise dans laquelle les gens s’aimeront et seront heureux, ils pourront  trouver les ressources pour combattre l’extérieur.

 

 Le sentiment est un moteur de l’action beaucoup plus puissant que la raison. Les terroristes tuent et meurent par haine, certain hommes meurent par amour pour les leurs ou leur pays. Personne ne meurt par logique.

 

4-LE RÊVE. 

 En créant une start-up, il y a deux façons de se planter à coup sûr.

 1-mettre l’argent comme but ultime. Le but ultime est un rêve et l’argent en est la conséquence.

 2-oublier que l’argent est un moyen indispensable. Et que ce sont vos clients satisfaits qui vous le fourniront.

 Les spéculateurs qui se font des fortunes sans créer de richesse, comme certains grands patrons qui se votent des salaire indécents sans risquer leur propre patrimoine, ça existe, mais ce n'est pas mon monde.

 

Donner du rêve, donner du sens.

La fable des tailleurs de pierres, de Charles Péguy.

Charles enfourche sa moto dotée d’un bouton pour remonter le temps et se retrouve rue de la Cité à Troyes en 1199, devant 3 ouvriers qui taillentdes pierres.

    – « Que faites vous, Monsieur qui avez l’air si malheureux  ? »

    – « je casse des pierres. J’ai mal au dos, j’ai soif, j’ai faim. C'est un travail pénible et stupide ».

Un peu plus loin dans la rue , Charles aperçoit un autre homme qui casse lui aussi des pierres.
Mais son visage est plus serein, et ses gestes plus harmonieux.

    – « Que faites vous, Monsieur ?».

    – « Je suis tailleur de pierre. C’est un travail dur, mais il me permet de nourrir ma femme malade et mes enfants qui sont à Pôle Emploi et de bénéficier de la Sécu. Et puis je suis au grand air, et pas à la chaine chez Renault,  il y a des situations pire que la mienne ».

Plus loin, Charles, rencontre le troisième tailleur de pierre. Il affiche un franc sourire, chante gaiement et abat sa masse sur sa pierre, avec enthousiasme, ardeur et précision.

    « Que faites-vous ? » demande Charles.

    « Moi Monsieur, je bâtis une cathédrale ! »

 

Mes ouvriers eux construisaient un navire.
On les avait appelés avec fierté « les hommes qui construisent un navire dans le désert ».

Un jour Philippe Adnot le Président du Conseil Départemental de l'époque, qui se révoltait de voir Troyes mourir lentement, m’a embarqué, avec quelques amis, dans son rêve invraisemblable. Fonder, au milieu d’un champ de patates, une université où il y aurait des milliers d’étudiants, des centaines d’enseignants chercheurs, des dizaines de laboratoires de haute technologie. D'autant plus invraisemblable, que les caisses de l’État étaient déjà vides et que le mode d'emploi pour créer une Université avait été perdu depuis bien longtemps.
Vous les étudiants, vous êtes là à l’endroit du champ de patates, vous êtes notre rêve d'il y a 27 ans.

 

5-LA FRUGALITÉ le détournement.
Cette méthode de travail consistant à faire les poubelles pour concevoir et construire un truc utile s’appelle la conception frugale, ou jugaad chez les indiens grands spécialistes de la chose. On peut appeler ça aussi le détournement d’usage, car à priori les poubelles ne sont pas faites pour qu’on fabrique un navire avec.
Maintenant que vous connaissez le truc, ne cherchez pas le composant spécialement conçu pour votre innovation, car par définition il n’existe pas, allez faire les décharges et poubelles et détournez.


Quelques jours avant mon retour pour la France, mes ouvriers sont venus dans ma case pour me faire un cadeau. C'était un fut de gasoil vide qui était tombé d'un camion, et qu'ils avaient un peu bricolé. J'ai été tellement touché que je l'ai ramené en France et l'utilise toujours. 
Quel travail remarquable ! La totalité du fut est utilisé pour faire cette malle magnifique et rien d'autre à part la peinture.

 

l’auto-coup de pied.

J’avais déjà quelques brevets et une entreprise créée (et fermée) pendant mes études à mon actif, aussi ce n’était pas ma première innovation, mais j’aime particulièrement cette histoire, car elle m’a servi toute ma vie. Lorsque je me trouve devant un problème apparemment impossible, devant une tâche énorme, qui me semble hors de portée de mes capacités et que je n’ose pas me lancer, une petite voix intérieure me dit « Cyril tu as construit un navire dans le désert à partir de rien, tu ne vas tout de même pas te laisser décourager pour si peu ». c’est de l’auto-coup de pied dans le derrière.


Beaucoup de réactions à la suite de cette conférence. Je vous vous livre un des mails reçu quelques heures après :

 jeu. 23/05/2019 15:34

"J’espère que vous êtes la personne qui a fait une présentation ce matin sur "les moteurs de l'innovation" à l'UTT.

Je tenais à vous contacter car votre présentation a été très inspirante pour moi, vous avez apporté de l'émotion et du vivant dans une présentation concrète basée sur des expériences passées.

Je pense que nous partageons la même façon de penser et qu'il faut d'abord penser humain avant de passer au reste.

 J'ai de nombreuses idées mais j'ai toujours eu peur de les mettre en place par peur de l’échec ou par les mauvais retours des personnes à qui j'en ai parlé. Mais maintenant je me dis tant pis, je vais me lancer, essayer, probablement rater mais ressortir grandi et avec plus d’expérience pour mes prochaines idées.

 Merci beaucoup d'avoir partagé avec nous vos expériences.

Merci de vous investir pour améliorer la vie des gens.

Cordialement,  Romain."



Quelques détails techniques pour les ingénieurs.

J'ai utilisé un moteur de camion Berliet pris sur un camion accidenté. Un 150CV Diésel ultra rustique, avec embrayage, changement de vitesse sans syncro, marche arrière et tout. Le circuit de refroidissement est classique dans un camion, sauf qu'il est à circuit ouvert, alimenté par un fut de 200 litres sur le pont qu'on remplit toutes les demi-heures avec l'eau du fleuve. Dans l'eau un arbre à cardan permet de remonter l'hélice en passant sur les hauts fonds. Pas de gouvernail mais une tuyère permettant de mieux virer, car avec un engin de 14 m de long et 25 de large, ce n'est pas évident. Les coques sont encastrées dans le pont, ni boulonnées, ni soudées, ainsi si une coque coule, elle n'entraine pas le reste. Et si on veut faire l'entretien de la barge motrice, on peut facilement la séparer du reste. Les rampes d'accès étaient conçues pour que leur poids s'équilibrent parfaitement. Les coques viennent d'un pont flottant utilisé pendant la guerre, qui avait coulé et dont on a pu récupérer ces 5 barges. Les fonds avaient rouillés et on a pu les changer avec des tôles récupérées sur des bennes de camions accidentés. Une partie de la structure du pont vient d'un hangar à moitié effondré. Et tout comme ça ...