LE PLUS BEAU MATCH DE TENNIS DE L’HISTOIRE.

 

Huitième de finale de Rolland Garros 1989.
Le petit Michael Chang 17 ans affronte Yvan Lendl N°1 mondial, gagnant de 8 titres de grand chelem et 5 masters. Au 5éme set, Chang est épuisé, Lendl lui a l’habitude des matchs marathon.
Chang au service, Lendl va faire le break. Les retours de Lendl, sont dévastateurs. Et Chang sert sa première balle de service par en bas à la cuillère comme un débutant, Lendl est tellement déstabilisé qu’il est incapable de faire un retour. Et Chang gagne le jeu.

Un peu plus tard, service Lendl, Chang est en situation de faire le break, Lendl mets son premier service dans le filet. Pour le second service, Chang quitte le fond de cours, position indispensable pour renvoyer les boulets de canon de Lendl, et s’approche de la ligne du carré de service. Encore une fois Lendl est complètement déstabilisé et fait une double faute. Chang gagne le jeu, le set et le match, puis le tournoi.http://www.ina.fr/video/I05272465

Moi, j’appelle ça un bluff de génie. Comme celui de David contre Goliath (à lire absolument).

Le bluff est une innovation en soi, que je pratique chaque fois qu’une situation semble désespérée mais c’est hautement risqué et fatiguant.
Ne pas confondre mensonge, marketing et bluff. J’ai horreur du mensonge qui vous retombe toujours dessus, par contre le marketing consistant à montrer le meilleur côté de la vérité est nécessaire et peut être l’occasion de belles innovations.

Le bluff à son plus haut niveau consiste à dire à l’adversaire que vous allez faire un truc tellement énorme, tellement incroyable, qu’il pense que vous mentez. Bien loin de vous en empêcher, il va vous aider à vous planter vous-même.
Et vous le réalisez, pas plus compliqué que ça.

Un jour, lors d’une réunion au siège du groupe en Suède, mon président me dit :

-« mais pourquoi donc voulez vous maintenir votre petite usine au milieu de nulle part, en bordure d’un champ de patates ? »

 

C’était la mode des délocalisations des usines vers les pays à bas coût, ma réponse pouvait valoir la vie ou la mort de ma petite entreprise.

-« Président parce nous nous développons dans la haute technologie et que de l’autre côté du champ de patates, il y a une grande université de technologie avec des profs, des laboratoires, et des étudiants qui nous sont absolument nécessaires ».

 

-« Ah bon je ne savais pas, il faudra que je vienne visiter ».

 

Il ne risquait pas de savoir, rien de cela n’existait.
Ce qui existait c’était une conversation entre le Sénateur Adnot, un industriel (moi), et quelques élus. Nous nous désolions de voir l’activité de notre département s’effondrer lentement. Pour retourner la tendance nous avons décidé de parier sur l’enseignement supérieur. Philippe Adnot, leader du groupe, nous a proposé d’étudier la création d’un établissement sur le modèle de l’Université de Technologie de Compiègne, dernière université créée en France 20 ans auparavant. Et c’est tout ce qui existait au moment de mon bluff, et l’idée de la création d’une université paraissait totalement invraisemblable.

Cinq ans plus tard quand mon Président est venu voir l’usine, j’ai pu lui faire visiter les laboratoires de l’université de l’autre côté du champ de patates. J’avoue que j’ai beaucoup bossé avec Philippe Adnot, grand maître es bluff-innovation, pour que ce bluff devienne réalité.