Présent vs Futur

Le court terme vs le long terme.

Tous les 6 mois, mon patron Thorbjörn, le Président de la division avec son VP financier, venaient contrôler les comptes de la société et ses programmes de développement. Chaque fois, je parlais de mes projets à 5 ou 10 ans, chaque fois ils me rappelaient cette citation de Keynes :“In the far future, everybody is dead“ traduction “Dans le futur lointain (5 à 10 ans) tout le monde est mort“. En gros, les résultats à 5 ou 10 ans on s’en fiche, ce sont les résultats de l’année qui nous intéressent.

Cette vision court-thermiste se concrétisait par l’exigence d’une rentabilité à 18 mois des investissements.

Un fois, après la réédition de la fameuse citation, je leur ai dit stop, on fait un break, je vous emmène visiter un truc.

Et je les ai emmenés visiter la cathédrale de Troyes, qui n’est ni la plus grande, ni la plus belle, ni la plus ancienne, elle est tout simplement … admirable, dans sa simplicité, sa beauté, c’est un miracle d’architecture. Ils ont fait la visite, la mâchoire décrochée d’admiration, sans voix devant cette merveille.

“Quand, à la fin du 12éme Siècle, ils ont commencés la construction de cette cathédrale, ils savaient qu’ils n’en verraient jamais la fin, que leurs enfants et leurs petits enfants n’en verraient jamais la fin. Et pourtant ils l’ont fait, et nous sommes là pour en profiter, c’était leur futur lointain.
Nous, chaque jours nous vivons dans le futur lointain que nous avons préparés dans le passé lointain.“

De ce jour, on ne m’a plus jamais parlé de cette citation.

10 ans plus tard, mon entreprise, ne vivait plus que des marchés et des produits que nous avions créés 10 ans plus tôt.

En fait, quand on marche il faut regarder devant ses pieds pour éviter les crottes de chiens, et loin devant pour éviter les impasses, et aller dans la direction que l’on a choisi.

A cette phrase, que je juge hautement stupide, du grand économiste anglais Keynes, je voudrais opposer celle d’un économiste américain, Peter Drucker :“La meilleure façon de prédire l'avenir, c'est de le créer“.

Ou comme disait Henri Bergson “l’avenir n’est pas ce qui va arriver, mais ce que nous allons faire“