Daniel a commencé sa carrière comme ouvrier dans une blanchisserie hospitalière.
Puis il a passé son CAP, et son travail et son talent ont fait le reste.
Quand je l’ai connu il était responsable d’un belle petite blanchisserie hospitalière, sachant que son statut est ses diplômes ne lui permettraient jamais d’aller plus loin.
Il s’est défoulé dans la vie associative de son métier jusqu’à devenir Président de l’association des blanchisseurs hospitaliers.
Nous nous sommes entendus, car il ne supportait plus sa vie de fonctionnaire, et je cherchais une figure du métier pour créer un pole audit-conseil-formation.
Les petites blanchisseries du domaine de la santé fermaient les unes après les autres au profit de grosses structures, beaucoup moins clientes chez nous.
En permettant à ces petits clients de mieux s’organiser, nous pouvions les aider à devenir rentables et à survivre.
Seules instructions données à Daniel : vous ne nous couterez rien, votre facturation doit être égale à vos coûts, en plus vous assurerez la formation de notre réseau de vente, et si vous
pouviez suggérer à vos clients d’acheter nos machines ce serait pas mal.
Sa réussite a été exceptionnelle.
Un jour il m’a invité à assister à un audit-conseil dans une blanchisserie hospitalière de taille moyenne, spécialisé dans les séjours longue durée. Nous avons couchés à l’hôtel le Dimanche soir, pour arriver tôt le matin du Lundi.
Première visite de politesse pour la directrice de l’hôpital, qui nous attendait avec un petit café, Daniel ayant apporté les croissants.
Papotage poli de circonstance, elle nous fit part de sa satisfaction d’avoir vu l’ambiance s’améliorer ces derniers mois, aussi bien chez le personnel soignant, que, et c’en est la conséquence, chez les patients.
Puis visite de politesse au second personnage de l’établissement, l’infirmière en chef, qui nous a confirmé l’amélioration générale des rapports entre médecins, infirmières et personnel technique.
En enfin nouveau petit café-croissants à la blanchisserie avec tout le personnel. Et c’est parti pour 2 jours de boulot.
Savez vous comment doit être rangé un balai ?
Poils en bas comme tout le monde ou a l’envers ou suspendu pour éviter que les poils ne s’écrasent ?
La bonne réponse est : jamais de balai dans une blanchisserie hospitalière car c’est un nid à microbes.
On nous raconte plein de choses sur la blanchisserie, entre autre Madame Michu, la dame revêche incollable en matière de finition du linge, qui était là depuis 30 ans, est partie à la retraite.
Elle a été remplacée par une jeune fille charmante qui n’y connait rien mais cherche à aider tout le monde.
Le matin elle vient au tri du linge sale, puis passe au lavage, puis à la finition, puis au rangement dans les armoires à roulettes, en fonction des demandes de chacun, et toujours avec le même sourire.
En fait grâce à elle chaque poste de travail est optimisé, et l’entraide d’un poste à l’autre est devenu un plaisir.
Le responsable nous explique que maintenant il arrive à finir tout le traitement de la blanchisserie le soir, et ainsi les blouses personnalisées des infirmières et de tout le personnel sont distribuées la nuit dans les vestiaires de chacun. Ils ne se posent plus la question de savoir si ils auront un vêtement de travail propre ou si ils devront reprendre leur blouse sale de la veille, ce qui est quand même plus cool quand on arrive au boulot le matin. C'est un minuscule élément mais essentiel du confort, donc de la bonne humeur.
C’est comme ça que nous avons petit à petit pris conscience que cette petite jeune fille sans compétences, avait, sans que personne ne s'en rende compte, changé le monde pour un millier de personnel hospitalier et un millier de patients.
Un sourire, de la bonne volonté, et le monde en est transformé.