Je suis heureux !

C’était le 26 janvier 2011 à 9 heures, dans la campagne proche de Jūnāgadh, dans l’état du Gujarat, (la patrie de Gandhi), en Inde. Accompagné par 4 jeunes français, nous visitions une école pour aveugles pour rendre compte de l’usage des fonds du Rotary International.

Lorsqu’un club Rotary local a une action humanitaire ou sociale qui dépasse de beaucoup ses propres moyens, il peut se jumeler avec un ou plusieurs clubs plus riches, nord américain ou européen ; ensemble ils montent un dossier qui, si il est accepté, permettra au club plus riche de financer une partie de l’action, le Rotary International financera une autre partie, et le club local mettra en œuvre l’opération.

Quand c'est bien mené, c'est d'une efficacité remarquable, et ces clubs sont vraiment utiles partout où ils agissent.

les élèves écoutent les discours.
les élèves écoutent les discours.

Dans cette école, les jeunes aveugles étaient pris en charge en pension, on leur apprenait à lire en braille, et tout ce qu’on apprend dans une école normale. L’administration, comme une partie de l’enseignement, étaient assurés bénévolement par le Club Rotary local. Une partie du budget de fonctionnement était également assurée par ce club. Les clubs partenaires et l’organisation internationale assumant les gros investissements, comme cette toute nouvelle imprimante en Braille.
A notre arrivée, les enfants étaient bien alignés (pas évident pour des aveugles) dans la cours pour la levée des couleurs, car c’était le “républic day“.

Le directeur de l'école
Le directeur de l'école

Le directeur de l’école, lui-même aveugle et rotarien, nous a fait un beau discours en gujarati (avec un traducteur simultané en anglais), pour nous raconter l’histoire de l’école, et comment le Rotary y avait été le contributeur essentiel.
Ensuite on m’a demandé de faire un discours (en anglais avec traducteur en gujarati). J’ai donc raconté des trucs sur le Rotary, et que je venais pour pouvoir témoigner de ce que je voyais pour pouvoir monter d’autres actions similaires avec nos clubs français.
Puis on nous a fait visiter l’école et les installations.

l'homme qui voulait me parler, au travail en cuisine.
l'homme qui voulait me parler, au travail en cuisine.

Dans un coin il y avait quelques vieux aveugles. On m’a raconté que lorsque ces vieux étaient trop vieux et mal en point pour continuer à mendier et dormir dehors, et que leurs familles les avaient rejetés, ou qu’ils n’en avaient plus, on pouvait les recevoir ici. Contre un petit travail, on leur assurait un toit, trois planches et une couverture pour dormir, et de quoi manger, et ces quelques vêtements, car ils n’avaient absolument rien a eux.

Pendant la visite, un d’entre eux, qui travaillait en cuisine, s’est précipité pour m’agripper de toutes ses faibles forces, et crier quelque chose. Le traducteur m’a traduit : il veut absolument vous dire quelque chose de très important.
Je lui ai serré la main avec chaleur, et lui ai demandé de s’exprimer.
“Vous leur direz … vous leur direz …
que je suis heureux“.

 

 J'ai retransmis ce merveilleux message au cours d'une conférence où les 50 clubs de notre District étaient réunis.

 

En guise de conclusion : pensez à ceux qui ont fait le choix du bonheur égoïste, qui cherchent argent, honneurs, pouvoir, et voitures de luxe qui font vroum vroum. C'est comme une drogue dont il faut toujours augmenter les doses et dont on arrive jamais à se satisfaire. Parfois ce n'est qu'au bout du chemin qu'ils se rendent compte qu'ils se sont simplement trompés de direction. Cet homme aveugle qui ne possède rien trouve son bonheur dans l'accueil chaleureux de cette petite collectivité.

Je n’ai jamais rencontré de personne disant que le but de leur vie était de vivre malheureux. Ce que j’ai rencontré de plus curieux ce sont des moines bouddhistes qui disent qu’il ne faut pas s’attacher à une personne pour ne pas connaitre le malheur de la perdre.  J’ai déjà vécu 45 ans avec la même femme, le but de chacun des deux étant le bonheur de l’autre, lorsqu’il n’en restera qu’un, il sera très malheureux, mais cela n’effacera pas toutes ces années.

Moi aussi je suis heureux.



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